La mise en place de Systèmes d’Alerte aux Tsunamis (SAT) est en cours dans tous les bassins tsunamigéniques sous l’égide de L’UNESCO. Pour la Caraïbe (CAR), cette mise en place a commencé en 2005 avec les premières réunions de travail du Groupe Intergouvernemental de Coordination (GIC-SATCAR) auxquelles les représentants de la délégations françaises ont participé. Depuis 2005, la partie montant de l’alerte, à l’échelle régionale des pays de la Caraïbe, de la détection de l’événement à l’arrivée du message en Préfecture, s’est mise en place.
Le centre d’alerte aux tsunamis pour la Caraïbe est celui d’Hawaï. Il récupère les données sismiques acquises par les différents opérateurs sismiques régionaux. Pour les îles françaises des Antilles, les Observatoires Volcanologiques et Sismologiques de Martinique et de Guadeloupe de l’IPGP sont les opérateurs des réseaux sismiques. Depuis 2006, ils ont reconfiguré leur réseau : relocalisation des stations, amélioration de la qualité des données, fiabilisation de la transmission temps réel par l’usage de moyens satellitaires, développement d’un centre de distribution des données à l’IPG Paris.
Les données des réseaux sismiques permettent au centre d’alerte de localiser le séisme, d’estimer sa magnitude. Il émet alors un premier message d’information ou d’alerte vers les autorités de chaque île/pays en charge de la sécurité civile. Le centre d’alerte modélise ensuite le possible tsunami qui pourrait être généré par un fort séisme. Il intègre les données provenant du réseau régional marégraphique pour contraindre ses modèles. Pour la Martinique, le Conseil Général et le SHOM sont les opérateurs marégraphiques (pour la Guadeloupe, c’est l’OVSG-IPGP et le SHOM).
Depuis 2010, ces opérateurs ont modernisé leurs stations et installé la transmission satellitaire. Les données sont mises à disposition du centre d’alerte en temps réel sur le serveur de la Commission Océanographique Internationale (COI) de l’UNESCO.
Actuellement, les autorités mettent en place la partie descendante de l’alerte, depuis la réception du message du centre d’alerte en Préfecture jusqu’à l’alerte des populations. Cette mise en place passe par une diffusion massive de l’alerte vers les communes, la mise en place d’un réseau d’avertisseurs sonores, des conventions avec les médias pour l’interruption de leur programme afin de diffuser l’alerte, la définition de cheminements d’évacuation, la mise en place d’une signalétique, la sensibilisation de la population et l’acquisition des réflexes d’évacuation. Des communes pilotes servent à la définition de ces procédures. Des exercices annuels ont lieu au mois de mars sous l’égide de l’UNESCO (comme par exemple CaribWave).
D’un point de vue sensibilisation et utilisation de matériel pédagogique, le Conseil Général de Martinique vient de signer une convention avec le Centre d’Information aux Tsunamis de la Caraïbe, le CTIC, qui a été inauguré en novembre 2013 à la Barbade. Ce partenariat permettra entre autres de diffuser la documentation existante (en anglais) vers les îles françaises et de mutualiser les efforts en matière de sensibilisation des populations.
Enfin, il faut noter que depuis le tsunami de Sumatra, de nombreuses équipes de chercheurs régionaux, nationaux ou internationaux travaillent sur les tsunamis dans la Caraïbe dans différents domaines : réalisation de catalogues d’événements passés, études des paléo-tsunamis, études de scénarios maximisants, réalisations de cartes d’inondation (rendues possibles par l’acquisition en 2010 de données topographiques et bathymétriques petits fonds Lidar haute résolution), cartes d’évacuation. Les progrès sur les connaissances sont constants et vont se poursuivre.
Un système d’alerte efficient permettant de prévenir la population quelques minutes ou heures avant la survenue d’un tsunami, la sensibilisation des populations côtières aux risques et aux gestes de survie, et la sécurisation de l’habitat permettent de sauver la plupart des vies humaines.