Le lien entre climat et séisme se précise


Comment imaginer que des variations de températures et de régime de précipitations, ou même la survenue de tempêtes et autres cyclones peuvent avoir un quelconque effet sur des failles…

De plus en plus de scientifiques se penchent sur le possible lien entre pluies, ouragans, sécheresses et les tremblements de terre.

Voici un extrait d’un article de la Lettre trimestrielle du plan Séisme Antilles. Edifiant.

 

Comment imaginer que des variations de températures et de régime de préicipations, où même la survenue de tempêtes et autres cycloniques peuvent avoir un quelconque effet sur des failles souvent situées à plusieurs kilomètres sous nos pieds ? « On dit tout et n’importe quoi à ce sujet » confiait Bill Mc Guire, professeur de géophysique à l’University College de Londres. « C’est un non sens de dire que ces événements (des séismes, ndlr;) sont dus au réchauffement climatique car l’élévation des températures ne va pas provoquer plus de tremblements de terre » ajoute-il, et de conclure « mais il ya quand même un brin de vérité là-dedans »…

Jusqu’au XIXe sièclen cette hypothèse n’aurait pourtant choqué personne. C’est l’apparition des moyens d’observation sismologique et la compréhension du p^hénomène de la tectonique des plaques au XXe siècle, qui ont permus de comprendre que les séismes résultent de la libération soudaine d’énergie accumulée le long des failles pendant des dizaines, des centaines voire des milliers d’années. Le divorce semblait donc consommé entre climatologie et sismologie.

 

De rares voix ont cependant continué à affirmer le rôle déterminant de grands événements météorologiques dans le déclenchement des séismes. Faute de preuves scientifiques tangibles, ces thèses ont longtemps été considérées comme infondées. La multiplication, depuis une vingtaine d’années, d’études scientifiques approfondies amène à reconsidérer la question sous un angle nouveau.

Sur de longues périodes…

A l’échelle de centraines de milliers d’années, les changements climatiques observés à l’échelle mondiale peuvent schématiquement conduire à deux situations extrêmes : les périodes froides, marquées par de grandes glaciations, où une grande partie de l’eau est stockée sous forme de glace sur les continents, et où le niveau des océans est très bas et les périodes chaudes, où ne subsistent que de rares glaciers aux pôles et où l’eau est principalement stockée sous forme liquide dans les océans dont le niveau est au plus haut.

Ainsi la terre navigue sans cesse entre ces deux extrêmes, et de par leur poids, la répartition des eaux à sa surface joue un rôle non négligeable dans la sismicité de nombreuses régions.

Des scientifiques ont ainsi établi un lien entr ela sismicité dans des régions montagneuses comme les Alpes par exemple et l’érosion des montagnes.

… et des courtes

Idem quant au niveau des océans, dont l’augmentation se traduirait par une augmentation de la sismicité le long des zones côtières océaniques.

Tout cela est étudié sur des périodes très longues, mais ce qui est étonnant c’est que des périodes plus courtes pourraient être concernées.

Ainsi, il a été mis en évidence le rôle joué par les moussons sur la cyclicité des séismes en Himalaya. D’autres chercheurs suggèrent pour leur part que les passages successifs des ouragans Fay et Gustav au niveau d’Haïti pourraient avoir précipité la survenue du séisme qui a ravagé le pays en 2010. Outre les grandes quantités d’eau qu’ils ont apportées, ces ouragans ont provoqué une érosion accélérée des terrains meubles, ainsi que la survenue de mouvements de terrain : ajoutées les unes aux autres, ces petites modifications du poids exercé sur la faille de Léogâne pourraient ainsi avoir accéléré sa rupture… qui serait de toute façon survenue un jour ou l’autre.

Des scientifiques se sont tournés vers l’île de Taïwan : l’essentiel des séismes de magnitude supérieure ou égale à 5 survenus dans le pays depuis 50 ans a été précédé par le passage d’ouragans.

Une autre influence de ces phénomènes météorologiques pourraient être d’apporter de l’eau dans le sous-sol jsqu’au niveau des failles, et jouer ainsi le rôle de lubrifiant facilitant la rupture et donc la survenue de séismes.

Des travaux à suivre avec attention ces prochaines années.

Source : http://www.martinique.franceantilles.fr/actualite/environnement/le-lien-entre-climat-et-seisme-se-precise-331018.php