Le Kick’em Jenny passé au crible


Source de cet article: France Antilles Martinique

Le volcan sous-marin fait actuellement l’objet de toutes les attentions par les scientifiques. Une première étude a été rendue.

Le volcan a un volume global actuel de 1,5 km3.Au moins un tiers de l’édifice pourrait s’effondrer. (BRGM)

Le volcan a un volume global actuel de 1,5 km3.Au moins un tiers de l’édifice pourrait s’effondrer. (BRGM)

 

Fin juillet 2015, le Kick’em Jenny a fait parler de lui. L’activité du volcan sousmarin, situé à 8 km au Nord de Grenade, s’était amplifiée, faisant craindre le pire aux Grenadiens mais aussi aux îles proches. Mais que risque-t-on vraiment ? Le BRGM s’est penché sur la question, dans le cadre d’une étude globale sur le risque tsunami en Martinique. L’organisme de recherche a rendu un premier rapport en octobre 2015*. Depuis 1939, le Kick’em Jenny a connu pas moins de 12 éruptions. En 1939 d’ailleurs, ses phases explosives ont projeté des cendres et des blocs jusqu’à 300 mètres au-dessus du niveau de la mer! Actif, le volcan l’est, sans aucun doute! Grâce à différentes campagnes en mer, les scientifiques ont réussi à profiler le volcan. Il mesure environ 1 300 mètres, son cratère atteint 300 mètres de diamètre environ, et son point le plus haut est situé à 180 mètres de profondeur.

 

SI UN FLANC S’EFFONDRE…

Depuis 1939, aucun tsunami associé à une éruption du Kick’em Jenny n’a été observé, « même lors de la déstabilisation d’une partie du dôme lors de l’éruption de 1988 », notent les scientifiques. Toutefois, il est tout à fait possible que des tsunamis soient déclenchés, soit àcause de séismes accompagnant des éruptions, soit à cause de l’onde de choc associée aux explosions volcaniques. Seulement, comme cela ne se serait pour l’instant jamais produit, les scientifiques retiennent un troisième scénario dans leur étude : la déstabilisation du flanc du Kick’em jenny. Il s’agit d’un scénario bien connu dans la Caraïbe. Le Kick’em Jenny a d’ailleurs vécu cela. Il fut un temps lointain où le volcan sortait de l’eau, certainement à 200 ou 300 mètres au-dessus du niveau de la mer, formant une petite île… Aujourd’hui, les scientifiques estiment que « le déplacement d’importants volumes de roches plus ou moins brutalement pourrait être à l’origine d’un  tsunami qui affecterait non seulement les côtes des îles  situées dans le voisinage immédiat du volcan (Grenade, Grenadines, etc.) mais pourrait impacter les côtes d’autres îles (Sainte-Lucie, Saint Vincent, la Martinique, Barbade, etc.) ». Ils pensent que le flanc Ouest « serait le plus à même de se déstabiliser ». Seulement, le tsunami sera évidemment proportionnel au volume de roches. L’étude conclut : « Ce volume ne peut pas dépasser le volume du volcan lui-même, actuellement estimé à presque 1,5 km3. Il est proposé de retenir comme premier scénario la déstabilisation d’un volume d’environ 0.5 – 0,6 km3 de matériaux. Un second scénario sera envisagé intégrant l’hypothèse d’une phase de reprise de l’activité, avec une déstabilisation de flanc estimée à 1km3. »Et donc, quelle hauteur de vague parviendrait alors en Martinique? Mystère… pour l’instant! Le BRGM travaille sur une nouvelle étude sur cette question, promettant, d’ici un an, « des évaluations des hauteurs de vagues attendues à la côte ».

 

C. Everard