Source : France antilles du Vendredi 18 Mars 2016
Hier, l’exercice Caribe wave a permis à au moins 20 000 personnes de prendre conscience du risque tsunami sur notre île. Illustration au Vauclin où les écoles du bourg et la Pointe Faula ont été évacuées.
L es sirènes municipales retentissent. Certes, il n’est que 10 heures mais les enfants trépignent déjà depuis une demi-heure. Alors l’exercice Caribe Wave a été un peu avancé par la municipalité du Vauclin… C’est parti ! 690 élè- ves de trois écoles se déversent dans les rues, accompagnés des équipes pédagogiques, des taties, des agents. L’itinéraire d’évacuation a déjà été réfléchi. « Ils ont l’habitude de faire des exercices, séismes, incendies.
Les plus petits, qui ont deux ans, ne comprennent pas», raconte Blandine Cenit, professeur des écoles à l’école maternelle les Corallines. Les enfants courent en riant, les adultes souffrent pour atteindre les hauteurs, au bord de la nationale, à plus de 15 mètres au-dessus du niveau de la mer. La jeune Alicia, qui porte des béquilles, est transportée jusqu’en haut, avec l’aide des agents municipaux. « On a parcouru 1,5 kilomè- tre, voire 2 kilomètres ! » s’exclame une maîtresse, essoufflée. L’équipe municipale a compté : il n’y avait en fait pas plus de 400 mètres à parcourir…
« CE N’EST PAS DANS LES GUIDES TOURISTIQUES !»
À la Pointe Faula, l’évacuation s’est aussi passée sans encombre. Deux itinéraires ont été calculés. Le premier vers la plate-forme du centre de tir, à 18 mètres au-dessus du niveau de la mer et 400 mètres du bord. C’est donc là-haut que Valérie, bretonne et en vacances est arrivée en suivant sagement les équipes municipales qui l’y ont invitée, avec une quinzaine d’autres touristes. « J’avais demandé à ma famille de me déposer à la plage pour bronzer pendant qu’elle allait randonner », témoigne-t-elle en souriant. «Quand il y a eu la sirène, on m’a dit d’évacuer, je ne comprenais pas ce qui se passait. Lorsqu’on m’a expliqué, j’ai trouvé cela très intéressant, car je ne savais pas qu’un tsunami pouvait se produire ici. Ce n’est pas écrit dans les guides touristiques ! » Outre la municipalité, très mobilisée, une cinquantaine de personnes a joué l’exercice.
Beaucoup de touristes et quelques riverains. « C’était compliqué pour les restaurateurs de participer à cette heurelà », explique Claude Neris, le directeur de cabinet du maire. «Mais ils connaissent les itinéraires, nous leur avons expliqué les consignes à chacun.» La voiture sono de la mairie, qui sensibilise déjà la population du Vauclin à Caribe Wave depuis plusieurs jours arrive, avec, à son bord, Alberic Marcelin, hyper rodé à ce type d’exercice.«Merci de participer à cet exercice !» explique le président de l’Université populaire et de la prévention dans le haut-parleur. «Rien ne vous empêche de recommencer en famille depuis chez vous, en identifiant un point à plus de 15 mètres de hauteur, que vous devez atteindre en moins de dix minutes. Je sais qu’il y a un certain nombre de touristes parmi vous : n’oubliez pas que ce risque existe dans beaucoup d’endroits du monde : San Francisco, Hawaï, la NouvelleZélande… Et pensez aussi à avoir un kit de survie avec vous, au moins de l’eau et le nécessaire.
À Sumatra en 2004, les touristes français racontent qu’ils sont restés 48 heures bloqués avant de voir les secours !» Valérie écoute attentivement. Elle repart ravie : « J’ai retenu notamment les signes annonciateurs d’un éventuel tsunami : la mer qui se retire, un tremblement de terre ou encore un bruit sourd».
35 PANNEAUX DÉROBÉS
« La population ne pourra pas dire que nous ne nous préparons pas… », note Claude Néris. « Au Vauclin, nous sommes vraiment très exposés », ajoute Jimmy Farreaux, adjoint au maire. «L’eau pourrait rentrer jusqu’à plusieurs kilomètres dans les terres ! La population n’est pas prête et n’a pas intégré cela, il faudra encore multiplier les exercices». Il y a quelque temps, le Vauclin avait posé 35 panneaux un peu partout pour indiquer les itinéraires d’évacuation à suivre en cas de tsunami. Ils ont été dérobés. «Certains ont servi de ratière», soupire Claude Néris. «Nous en referons de plus solides.» «J’ai l’impression que les municipalités commencent vraiment à prendre en compte les risques», affirme Alberic Marcelin, habituellement plutôt critique sur la question. «C’est vraiment au niveau de la population qu’il faut maintenant agir. Ce n’est pas compliqué, une fois dans sa vie, d’aller en famille se réfugier à 15 mètres de hauteur pour se rendre compte du risque…»