Des failles sont aussi situées sous nos pieds


Source : France Antilles du Mercredi 4 mars 2015

Le mois dernier, un séisme de magnitude 3, seulement, a pourtant été ressenti par la population. Son épicentre était situé sous la Martinique.

En matière de séisme et de risques naturels d’une manière générale, l’humanité a la mémoire courte. Le 3 février dernier, un séisme de magnitude 3 sur l’échelle de Richter a été ressenti par la population martiniquaise. Son épicentreétait situé  entre Saint-Joseph et le Gros-Morne. Un phénomène rare, car en général, les séismes ressentis sont plutôt en mer. Mais qui se souvient des derniers séismes qui ont eu lieu sous nos pieds? Heureusement, l’observatoire volcanologique et sismologique de Martinique (OVSM) possède des bases de données qui lui servent de mémoire infaillible.
C’est ainsi que l’on découvre que depuis 2010, cinq séismes de ce type nous ont secoués. Ils sont assez caractéristiques : secousse rapide, mais pouvant être relativement forte. Il n’y en aurait pas
eu en 2010, 2011 et 2014.

Peu importe l’origine des séismes, les exercices de sauvetage et la prévention sont de rigueur. (Photos archives France- Antilles)

Peu importe l’origine des séismes, les exercices de sauvetage et la prévention sont de rigueur. (Photos archives France- Antilles)

AFFINER LES OUTILS CARTOGRAPHIQUES
Leur magnitude est faible (pour l’instant…), la profondeur de leur épicentre moindre, et leur intensité n’est pas négligeable.
Ils représentent une part peu importante de l’ensemble des séismes ressentis. Entre 2010 et 2014, 48 séismes ont été ressentis par la population et 3917 séismes régionaux ont été enregistrés par
l’OVSM.
Ces séismes sont consécutifs à la présence de failles actives présentes sous la Martinique. Combien y en a-t-il, de ces failles actives? Pas de réponse pour l’instant.
Une étude a été effectuée il y a quelques années, mais la carte produite serait fausse, selon l’OVSM.
Maintenant que les outils cartographiques se sont bien affinés ces dernières années, il serait possible d’effectuer des études plus poussées.
« La magnitude d’un séisme est proportionnelle à la longueur de la faille », rappelle Valérie Clouard, la directrice de l’OVSM.D ’où l’importance de connaîtrela lon gueur des failles qui traversent
la Martinique, et qui débutent parfois en mer.

Magnitude/ Intensité : connaissez-vous la différence ?

« Un séisme peut être comparé à une sono », explique Valérie Clouard, la directrice de l’OVSM. « La magnitude peut être assimilée à la puissance délivrée par la sono. Cela peut être assourdissant
quand on est juste à côté. Par contre, quand on s’éloigne, on entend le son de moins en moins, voire même pas du tout. Cela est comparable à l’intensité d’un séisme ». Il ne faut donc pas confondre ces deux termes. On pourrait même dire que, d’un point de vue individuel, l’intensité d’un séisme est plus importante que sa magnitude.
Selon le site du musée de sismologie de Strasbourg : « Le terme magnitude a été emprunté aux astronomes par comparaison avec la brillance relative d’une étoile vue par télescope. Toutefois, la magnitude d’un séisme est une valeur intrinsèque du séisme ne dépendant ni du lieu d’observation, ni des témoignages de la population. Elle a été introduite en 1935 par l’américain Charles Francis
Richter pour les séismes locaux californiens afin d’estimer l’énergie libérée au foyer d’un tremblement de terre et de pouvoir ainsi comparer les séismes entre eux. On parle depuis de l’échelle de Richter.002
Lors de la rupture qui se produit au foyer d’un tremblement de terre, seuls 20 à 30% de l’énergie libérée se propage au loin sous forme d’ondes tandis que la plus grande partie se dissipe sous forme de chaleur. La magnitude de Richter mesure uniquement l’énergie émise sous forme d’ondes élastiques. Le séisme de plus grande magnitude connu au cours du siècle dernier est celui du Chili en 1960, de magnitude 9,5 ; la zone de rupture de la faille a atteint plus de 1000km de long.
L’intensité, quant à elle, caractérise la sévérité de lasec ousse au sol. Elle est estimée en un lieu à partir des effets produits par ce séisme, qu’ils soient seulement observés ou ressentis par;l’homme (réveil, chute d’objet, fissures…) ou qu’ils aient causé des dégâts plus ou moins importants aux constructions selon leur vulnérabilité(ca pacité à résister aux secousses sismiques). Une forte intensité est souvent associée à des roches molles (sable, vase, argile et remblais), alors qu’on note une faible intensité dans les zones de roche plus solide (grès).
L’intensité est définie en chiffres romains sur une échelle de I à XII. Le degré I correspond aux secousses les plus faibles, à peine ressenties, tandis que le degréXII e xprime une destruction
totale du paysage. Le nombre de victimes n’est pas pris en compte dans ces évaluations, car il dépend non seulement de l’intensité, mais aussi du type local de construction, de la densité de population et de l’heure de l’avènement du séisme ».
C.Everard