Source de cet article: France Antilles Martinique
Mercredi dernier, alors que la Guadeloupe et la Martinique étaient placées en vigilance orange, le gouvernement dominiquais n’avait pas donné le moindre signe d’alerte à la population. Négligence ou méconnaissance ?
Que ce soit sur les radios, les télévisions ou les journaux dominiquais, Erika ne faisait pas la Une mercredi dernier. Sur le site du gouvernement dominiquais et même celui de l’«Office of disaster
management» (Bureau de gestion des catastrophes), rien ne laissait entrevoir le désastre qui se préparait. Les critiques ont plu sur le Premier ministre, Roosevelt Skerrit, qui a même dû se justifier vendredi dernier, lors de son allocution télévisée.
Comment la vigilance et l’alerte sont-elles organisées à la Dominique ?
En fait, la Dominique (et en particulier le Dominica Meteorological Service, l’équivalent de Météo- France) est, à ce jour, tenue informée directement par le National Hurricane Center (NHC, basé à Miami) des alertes météo. Le NHC est le centre chargé par l’Organisation météorologique mondiale de donner prévisions et analyses concernant les bassins océan Atlantique Nord et du Pacifique
Nord-Est. Pour la tempête Danny, des bulletins ont bien été émis pour la Dominique. Et le gouvernement, en suivant, a donné des consignes à la population. Pour la tempête Erika, l’île ne faisait pas partie des élus du NHC. En fait, les territoires sont pris en compte à partir du moment où les vents doivent y dépasser 34 noeuds (63 km/h). Et ce n’était pas le cas pour Erika à la Dominique. Le NHC a ainsi émis des bulletins concernant les îles du Nord jusqu’en Guadeloupe incluse. Le gouvernement dominiquais n’a donc donné aucune consigne. Quel rôle aurait pu, ou aurait dû, jouer la Martinique, la Guadeloupe et plus généralement la France, en terme de prévision pour notre voisin ?
IMAGES RADAR DISPONIBLES
Il faut souligner que la Dominique, contrairement à nous, ne dispose pas de radars. Toutefois, nos images sont bien mises à la disposition des autorités. Et ce, par deux biais : le NHC en dispose et il existe aussi un extranet, nommé Sherpa, accessibles aux autorités dominiquaises. Mais encore faut-il que ces images soient utiles : même chez nous, Météo-France ne savait absolument pas ce qui allait nous tomber dessus. Rappelez-vous : parfois, des phénomènes classés en vigilance jaune en Martinique nous réservent des surprises… Deuxième point : il faudrait que les services météorologiques de la Dominique aient les moyens d’exploiter ces images, ce qui pas certain. Si Roosevelt Skerrit a déclaré vendredi soir qu’il était « inutile de blâmer les autres pour ce qui est arrivé à la Dominique », il a quand même ajouté que les prévisionnistes s’étaient concentrés sur les grandes îles de la Caraïbe et la Floride. Le système de vigilance à l’échelle des petites îles de la Caraïbe pourrait donc être amélioré, ce que Serge Letchimy n’a pas manqué de souligner hier, en indiquant que « la coordination, au niveau des intempéries ou des sargasses est à l’ordre du jour des prochaines réunions de l’OECS (Organisation des Etats de la Caraïbe orientale) et du Caricom ».
C.Everard (avec R.L)